Rapport de voyage (Juillet 2015 - août 2015)

Rapport de voyage
(Juillet 2015 - août 2015)

Préambule

Lors de notre  récent séjour au Mali, nous avons procédé au suivi de nos divers projets ainsi qu’à l’évaluation des besoins.

En préambule,  précisons tout de suite que  nous avons reçu un grand nombre de demandes, mais que, malheureusement, toutes ne pourront être satisfaites, faute de moyens suffisants.

Notons aussi que les pluies ont été abondantes, parfois trop, provoquant des inondations, avec écroulement de maisons et même des morts.

Pour les cultures, c’est un bienfait et chacun se réjouit de ce bel hivernage et espère que les pluies se poursuivront en septembre et jusqu’en octobre.

Songho

 I. Le bloc de 4 latrines

Notre toute première visite a été réservée au village de Songho, où nous avons financé la construction d’un bloc de 4 latrines, confiée à notre entrepreneur et ami Ambassagou, qui s’est admirablement bien acquitté de sa tâche. Il a construit un très bel édifice en pierres de taille, doté de 4 cabines et de barriques avec robinet pour le lavage des mains ; les eaux sales s’écoulent par un petit canal jusqu’à  un trou perdu. Un règlement d’utilisation sera créé par les maîtres et élèves.

II. Le puits

En principe réservé à l’usage exclusif de l’école, du Centre de santé, et de quelques autres structures, le puits a cependant servi à tout le village, les autres sources d’eau étant taries.

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III. Bilan de l’année écoulée

Réunis sous le hangar avec Kimbassa Dolo, le directeur de l’école, les responsables du village et des groupes de femmes, nous faisons le bilan de l’année écoulée :

1. La  cantine a servi des repas à 123 élèves durant les 9 mois d’école, ainsi qu’à 10 cuisinières.

2. Remise de CHF 460.- pour l’achat de matériel scolaire pour les élèves, avec pour conséquence une augmentation d’élèves, une meilleure fréquentation, et une diminution des problèmes liés au manque de matériel de géométrie

3. Mail-Mali a payé le salaire d’une enseignante pour l’année scolaire 2014-15, CHF 600.-.

4. L’achat de 25 chèvres a été apprécié ; elles fournissent du lait pour les enfants. Toutes ont été vaccinées. On déplore la perte de 2 chèvres que les femmes ont remplacées en se cotisant.

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IV. Demandes

1. Les 25 femmes de l’Association MERE désirent du coton (CHF 25.- pour chaque femme = CHF 625.-)

2. Un groupement de 13 femmes Peulhs demande de l’argent pour acheter des chèvres (CHF 42.- par chèvre =  CHF 546.-)

3. Le GADES (Groupe d’Action pour le Développement de l’Ecole de Songho) demande la somme de CHF 1’800.- pour apprêter un jardin, le clôturer et y cultiver légumes et plantes médicinales.

Réponse : Pour le moment, nous sommes confrontés à d’autres priorités ; mais nous espérons bien pouvoir un jour répondre favorablement à ces diverses demandes.

Djiguibombo

Le but de notre déplacement à Djiguibombo est de dresser la liste de ce qui doit être restauré dans nos 2 écoles, avant de construire la 3ème école en 2016 :

– Le plus ancien bâtiment (bientôt 20 ans d’âge) au toit en tuiles (nous avions alors suivi les conseils  du CEAS), a subi de nombreux dégâts, surtout à cause des infiltrations d’eau de pluie.

En effet, la mise en place du toit avait été mal faite au départ : charpente en bois blanc au lieu de bois rouge, plus dur et pourtant recommandé ; pose des tuiles en n’en attachant qu’une sur trois ! Dès la première saison des pluies, sous l’effet des bourrasques de vent, des tuiles se sont envolées, sont tombées sur les faux plafonds, les ont crevés, se sont cassées, avec pour conséquences des infiltrations d’eaux dégoulinant le long des parois, dissolvant la peintures, laissant de multiples traces.

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Il a fallu démonter tout le toit et le remonter après avoir repris la charpente en bois rouge et en attachant cette fois-ci chaque tuile. Malgré cela, de nombreuses tuiles sont régulièrement cassées par des gamins qui s’amusent à lancer des pierres sur le toit ! Remplacer les tuiles n’est pas une mince affaire, vu la hauteur du toit, le manque d’échelle et finalement de tuiles. Afin de mettre un terme aux problèmes posés par ce toit, nous nous mettons d’accord pour son remplacement par un toit en tôles. Par ailleurs, les sols des salles de classe et de la véranda présentent de nombreux trous, les faux plafonds doivent être remplacés et les murs repeints.

– Quant à la 2ème école, elle est en meilleur état : le sol de la véranda  et celui d’une salle doivent être repris, des volets et portes sont à remplacer et près d’une cinquantaine de tables-bancs sont à refaire.

Ces travaux de restauration seront confiés à Benoît Kassogué et seront entrepris dès le début des vacances scolaires, en juin 2016. Somme prévue : CHF 21-22’000.-. Le projet sera présenté à Latitude 21 avant fin septembre 2015.

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Nandoli

Notre mission de suivi des projets nous a aussi menés à Nandoli, où nous avons trouvé les latrines et les salles de classe du second cycle en parfait état. Comme prévu dans le projet, un règlement d’utilisation des latrines a été mis en place par le « gouvernement des élèves » et est respecté.

On n’a pu que remercier et féliciter le directeur, Seyni Ouologuem, pour l’excellente propreté des lieux et le bon entretien des locaux. Les salles de classe de la première école n’ont pu être visitées, mais l’aspect extérieur est impeccable.

Le village bénéficie depuis quelque temps d’une meilleure liaison routière qui favorisera son développement : il se trouve sur la nouvelle route Bandiagara – Douentza.

Cependant, il souffre toujours du problème de l’accès à l’eau, ce que nous ne pouvons résoudre.

Bendjéli

Nous nous y rendons accompagné de Fifi Tembely, présidente et fondatrice de Yagtu. L’accueil y est toujours des plus chaleureux ! Après une série de danses, nous nous retrouvons sous un hangar en présence du chef du village, des directeurs des 2 cycles, du président de l’association des parents d’élèves et, bien sûr, d’une bonne trentaine de femmes, qui ont quitté les champs pour venir nous rencontrer.

Il s’agit essentiellement de discuter de la cantine scolaire.

Nous apprenons ainsi que la cantine a été prise en charge par le PAM (Programme Alimentaire Mondial) pour l’année scolaire 2014-2015. Pour 2015-2016, la situation est la suivante : le PAM assume la cantine du1er cycle et l’autorité scolaire du village nous prie d’assumer la cantine du 2nd cycle, c’est-à-dire la nourriture pour 95 élèves, dont 50 viennent de cinq villages des alentours. Nous acceptons la proposition.

Autre demande : l’électrification, via 2 panneaux solaires et 2 batteries, d’une salle de classe et du bureau du directeur, et cela pour permettre le déroulement de certaines activités le soir. (devoirs, répétitions, préparation aux examens, alphabétisation des adultes, …)

Kamba

Notre intervention dans ces 5 villages est un assez bon exemple de lutte contre l’exil et la pauvreté.

Un détour s’imposait donc par ces cinq villages de la Commune de Sangha, où, il y a cinq ans, Mail-Mali a financé des ateliers d’alphabétisations, incluant microcrédit et formations à des activités génératrices de revenu.

Notre délégation, sous l’égide de Yagtu, n’a malheureusement visité que trois des cinq villages, l’orage nous empêchant de poursuivre notre route jusqu’aux deux derniers. Cependant, le lendemain, une délégation d’un de ces deux villages est venue rendre compte jusqu’à Bandiagara.

Mail-Mali a octroyé cette fois-ci CHF 250.- à chaque village pour alimenter les microcrédits dont bénéficient environ 160 femmes. Cela permet à ces femmes de pratiquer différentes activités génératrices de revenu : elles cultivent les échalotes, élèvent des moutons, vendent au marché de l’huile, du sel iodé, des galettes, des beignets et des plats à base de poisson (acheté à Mopti), de riz et de sauce d’arachides.

Elles se montrent infiniment reconnaissantes de pouvoir désormais lire, quand elles sont sur les marchés, le poids sur les balances, sur les sacs de céréales ; et aussi de comprendre les panneaux routiers indicateurs de direction, les prescriptions médicales, les posologies.

« Maintenant, je suis devenue quelqu’un ! » témoigne l’une d’elles ! Qu’était-elle avant ???

Chaque village émet le souhait de bénéficier d’un nouveau cycle d’alphabétisation, demandes auxquelles nous répondrons un jour favorablement.

D’autres demandes nous sont transmises : pour construire un magasin à oignons,  pour acheter une machine pour la transformation des oignons.

Moussourou

Un excès de précipitations nous a empêchés de nous rendre à Moussourou. En effet, toute la campagne autour du village, sur plusieurs kilomètres, était inondée. A cause de pluies trop abondantes, plusieurs maisons se sont écroulées provoquant la mort de trois personnes et la perte de denrées. Beaucoup sont allés se réfugier dans l’école.

Malgré cela, une délégation de quatre personnes s’est déplacée jusqu’à Bandiagara et nous faisons le point.

L’école est peu fréquentée : il n’y a qu’une enseignante et 22 élèves (12 filles et 10 garçons, provenant de trois villages) ; l’école n’a toujours pas été reconnue officiellement ; Fifi a repris les démarches nécessaires auprès des responsables compétents pour obtenir cette reconnaissance.

Demande : il serait utile que Mail-Mali se charge de la cantine pour l’année scolaire 2015-2016 : ainsi, le nombre d’élèves en provenance de villages des alentours augmenterait automatiquement. Yagtu, par Fifi, nous transmettra une proposition allant dans ce sens à laquelle nous répondrons favorablement.

Pour l’année scolaire 2016-2017, Fifi fera en sorte que le PAM prenne en charge cette nouvelle cantine.

La délégation de Moussourou demande encore un/e deuxième enseignant/e et de l’argent pour du microcrédit.

Parrainages

Grâce aux microcrédits qu’elle a accordés, plusieurs membres de l’association peuvent mener des activités génératrices de revenus. Certains d’entre eux ont obtenu un soutien financier par Mail-Mali :

Boss a ainsi pu ouvrir un petit atelier de réparations de pneus ;  Christine continue à travailler le coton (mais pas en période d’hivernage, où elle travaille aux champs) ; Hadji entretient magnifiquement sa pépinière qui prospère bien, il a de plus en plus de clients, en particulier des ONG qui lui passent de très fortes commandes pour des reboisements ; Amirou cultive un jardin fleurissant, avec des légumes, des arbres fruitiers et des morengas ; (le morenga est un arbre dont les feuilles et les fruits permettent la préparation de médicaments traditionnels très efficaces, mais encore peu connus : Amirou commence à le commercialiser via Yagtu).

Il a encore besoin de CHF 870.- pour continuer à creuser son puits et mettre en place un système d’arrosage par goutte à goutte (raccords et barrique) ;  Mama aussi a cultivé un jardin magnifique, avec tomates, courges, gombo, basilic, maïs et des arbres fruitiers (citronniers, grenade, pomme-cannelle, …). Mail-Mali lui a déjà versé CHF 540.-, mais il a encore besoin de CHF 1’900.- pour terminer de creuser le puits, clôturer l’ensemble de ses jardins, et pour édifier un hangar pour ses outils. Au vu de son engagement et de son enthousiasme, Mail-Mali ne peut refuser de le soutenir ! Issa désire se lancer dans un nouveau projet : ouvrir une gargote sur la route de Kendié, où, de part et d’autre de la chaussée, les habitations poussent comme des champignons ! Dans cette perspective, Issa a un peu réduit son élevage de moutons : il en a vendu et le bénéfice servira à financer sa gargote. Son projet se monte à CHF 1’290.-. Issa met de sa poche CHF 370.-, Mail-Mali s’engage à lui donner le solde, soit CHF 920. On s’est assuré qu’un suivi sera fait tant par Oumar Tapily que par Coumba et Hadji.

Nous transmettons à tous nos donateurs tous les remerciements reçus de la part de nos bénéficiaires, qui ne cessent de nous témoigner leur reconnaissance.

Pour le parrainage de la scolarité d’élèves à Bandiagara, nous versons CHF 965.-

L’abbé Germain nous demande de parrainer 10 élèves à Sévaré pour une somme de CHF 3’012,50. Nous décidons de lui verser tout de suite CHF 1’500.-, et le reste plus tard.

Boursiers

Au début et à la fin du séjour, de passage à Bamako, une rencontre a eu lieu avec une partie des étudiants boursiers. Nous échangeons sur leurs études, leurs problèmes, leurs souhaits. Ils nous font part aussi de leur satisfaction et reconnaissance.

En ce qui concerne les bourses, nous acceptons que les boursiers passent de 13 à 15. Les nouveaux sont : Daniel Kassogué, frère d’Elie, et Ibrahim Traoré, frère de Tiémoko.

Nous devons refuser d’autres demandes, faute de moyens suffisants. Cependant, nous interviendrons ponctuellement pour leur donne un coup de main financier.

Pour la même raison, nous refusons une augmentation de la bourse par étudiant et par an.

Actuellement, nous versons CHF 900.- par étudiant, soit par an CHF 13’500.-.

Nous décidons d’acheter un ordinateur pour les boursiers qui n’en possèdent pas : Amadou, Esther, Daniel, Ibrahim et Youssouf Oreïba, pour la somme de CHF 2’160.-.

La bourse de Youssouf Guindo, qui s’est retrouvé parrainé un peu par hasard, ne sera pas renouvelée.