SECOURS ALIMENTAIRES

Le mil

Il faut savoir que l’aliment de base au pays Dogon est le mil, une céréale peu exigeante en eau, donc bien adaptée au climat local. Cependant, il lui en faut tout de même un minimum ; un bon hivernage (saison des pluies, de juin à octobre) est donc nécessaire. Quant à arroser les champs, c’est là une solution irréalisable, faute de moyens techniques et financiers d’une part, mais aussi faute d’une nappe phréatique suffisante ; cette dernière permet, certes, de satisfaire aux besoins de la population et du bétail et d’arroser quelques cultures vivrières, mais en aucun cas de combler le déficit pluviométrique.

Les sécheresses

En cas de pluviométrie déficitaire, les épis de mil n’arrivent pas à maturité et les agriculteurs n’ont presque rien à récolter. Certaines années, la situation se complique par l’invasion d’essaims de criquets pèlerins, qui dévastent tout sur leur passage.

Dans l’impossibilité où nous nous trouvons d’enrayer la sécheresse et son lot de malheurs, mais sans que cela nous empêche d’y réfléchir, il nous paraît utile d’intervenir régulièrement, en achetant du mil (produit dans le pays) et en le distribuant mensuellement et équitablement.

Bien sûr, il vaudrait mieux pouvoir agir afin d’éviter la répétition de telles catastrophes, mais nous n’avons ni les moyens, ni les armes pour nous attaquer à un tel problème. D’autres organismes spécialisés (certains sur place) cherchent des solutions ; ils sont spécialisés dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage, de l’irrigation ou du reboisement, mais c’est là une tâche extrêmement complexe dont les résultats ne sont pas pour demain. Alors, en attendant, il ne nous paraît pas vain de réagir aux très lourdes conséquences de cette sécheresse et d’intervenir.

Conséquences

Les conséquences de cette sécheresse sont nombreuses, diverses et graves : les forces vives quittent les villages pour les villes, dans l’espoir, souvent vain, d’y trouver du travail. Déjà pauvres, les familles vont consacrer leurs maigres revenus à acheter des céréales, dont le prix ne va cesser d’augmenter au fil du temps, et elles n’auront plus les moyens d’envoyer leurs enfants à l’école. Ainsi, bien des jeunes se retrouveront perdus dans des grandes villes, proies faciles pour les embaucheurs de plantations de café ou de cacao étrangers, qui les soumettront au travail forcé, esclavage pur et simple. Enfin, en l’absence des hommes, les femmes auront seules à supporter toutes les responsabilités économiques, sociales et éducatives.

Quelques témoignages* :

  • le médecin de Bandiagara nous confirme que les cas de malnutrition ne cessent de se multiplier parmi les enfants (état de faiblesse, œdèmes, diarrhées, taches de la peau…)
  • un jeune agriculteur nous dit avoir déjà dû vendre, à vil prix, 6 de ses 22 moutons pour subvenir aux besoins de sa famille
  • un autre nous apprend qu’aucun de ses manguiers ne porte de fruits, les fleurs ayant séché, faute d’eau
  • un chef de quartier raconte qu’une femme de son voisinage s’est résignée à vendre la plupart de ses marmites
  • les plus aisés se voient obligés de nourrir un nombre croissant de bouches
  • l’un d’eux, qui avait investi 200’000.-FCFA (CHF 500.-) pour l’ensemencement de ses champs, n’a récolté que pour 30’000.-FCFA (CHF 75.-)
  • on compte 15% d’animaux morts parmi le gros bétail, et la traite d’une vache ne remplit pas même un verre de lait
  • les artisans n’ont plus de travail, par manque de clientèle, donc plus de moyens
  • les femmes déplorent que le prix des condiments ait doublé

*    Si nous n’avions pas interrogé les gens, nous aurions été incapables de vous faire part de ces témoignages; en effet, ils n’en parlent pas, n’émettent aucune plainte, non tant par résignation que par dignité et discrétion. Et ce ne sont là que quelques exemples parmi ceux rencontrés dans cette région sinistrée, où les activités économiques ont pratiquement cessé, vu qu’ils consacrent leurs maigres revenus exclusivement à l’achat de nourriture.

C’est donc dans ce contexte-là que s’inscrivent nos actions, fortement appréciées sur place, et dont nous sommes chargés de  remercier,  au nom de toute la population bénéficiaire, l’ensemble de nos donateurs.

Les secours alimentaires

Sitôt que l’Association a eu connaissance de la situation, elle s’est mobilisée afin d’éviter que la menace de la disette ne tourne à la catastrophe (famine, exode massif, surmortalité infantile…).

La distribution

Primitivement assurée par M. Hablo Bâ, la distribution a par la suite été confiée aux 8 chefs de quartiers de la ville de Bandiagara, afin de décharger notre ami Bâ, cette tâche étant devenue trop lourde à porter pour un homme seul, tout dévoué qu’il fût.
Suite à la naissance de l’association Mail-Mali de Bandiagara, c’est à elle qu’est dorénavant confiée la délicate tâche de la distribution.

Les bénéficiaires

Afin de ne pas transformer les bénéficiaires en assistés, une modique somme d’argent leur est demandée, somme qui assure les frais de transport et permet d’acheter quelques sacs de supplémentaires. Les plus démunis, cependant, reçoivent ces céréales gratuitement.

Nos interventions

Distribution de mil ou de riz durant 10 ou 12 mois, essentiellement à Bandiagara, mais aussi dans divers villages avoisinants.