Rapport de voyage (Juin 2014 - Août 2014)

Rapport de voyage (Juin 2014 - Août 2014)

L’association Mail-Mali de Bamako

Nous nous sommes rencontrés 2 fois au Ségéré (un hôtel ancien, tenu par Nouhoum Toumouté, un ami de la première heure), en début et en fin de voyage.

Constituée de nos boursiers et d’autres étudiants, l’association compte près d’une vingtaine de jeunes, presque tous issus du pays dogon. Les boursiers se montrent très reconnaissants de l’appui financier que nous leur apportons. Ils sont en train de rédiger les statuts de l’association et vont demander l’agrément.

Ils manifestent clairement leur engagement, leur volonté d’intervenir dans les villages pour diverses sensibilisations à organiser probablement avec le soutien de Yagtu, entre autres :

    1. valoriser les produits locaux,

    2. donner des cours de rattrapage aux enfants pendant les vacances,

    3. renforcer la cohésion sociale.

L’idée d’utiliser le Ségéré comme lieu d’hébergement pour les boursiers a été étudiée, mais doit malheureusement être abandonnée, faute de moyens financiers suffisants. Plusieurs demandes de bourses nous ont été présentées, mais il y aura peu d’élus. En revanche, nous répondrons favorablement à une demande, déjà émise il y a une année, à savoir la création d’un fonds d’entraide, pour lequel Mail-Mali va verser fcfa 100’000.- (moins de CHF 200.-).

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L’association Mail-Mali de Bandiagara

Nous avons une chance inouïe de bénéficier d’une équipe efficace et compétente, avec à sa tête André Kassogué, un jeune homme dynamique et très sérieux, sur qui nous pouvons compter, et lui-même est très bien encadré, soutenu et respecté par ses aînés.

Un accueil plus que chaleureux nous a été réservé : tous étaient là, avec bières, sucreries et gigots d’agneau! Même surprise la veille du départ !

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Grâce au soutien de cette structure, Mail-Mali peut gérer au mieux ses projets. C’est par son intermédiaire que transite l’argent, que le suivi des projets est assuré, que, sur place, nous pouvons avoir accès à un véhicule pour aller dans les villages où nous intervenons.
Nous ne pouvons que nous réjouir de cette franche collaboration et des liens très forts d’amitié et de respect qui se sont tissés entre nous.
Un résultat très concret de ce partenariat est la distribution mensuelle de mil, commencée au mois de mars.

Les distributions de mil

Nous avons eu l’occasion d’assister à 2 distributions de mil mises sur pied par l’association Mail-Malide Bandiagara pour le compte de notre association : nous pouvons affirmer qu’en Suisse on ne procéderait pas mieux ni autrement ! Tout est précis, réglementé. Le mérite en revient à André Kassogué qui gère cette lourde et délicate tâche avec sérieux et compétence.

Chaque commande de mil fait l’objet d’un contrat ad hoc, et les factures, vérification faite, correspondent exactement aux sommes envoyées de Suisse.

A la livraison, chaque sac est compté (et marqué, cf photo) ainsi qu’au moment de la dist

ribution; on évite de la sorte que des sacs disparaissent.
Les 200 sacs de 50 kg sont stockés, chez Jacques, dans un local approprié, auparavant nettoyé et désinfecté.

Le choix des bénéficiaires revient aux membres de l’association : chacun présente une liste de 8 à 10 personnes indigentes, souvent des veuves ayant charge de famille.

La distribution elle-même se déroule sur trois jours consécutifs, afin d’éviter une affluence trop grande et des encombrements de charrettes et de motos.

La présence de quelques-uns de nos jeunes et costauds membres est fort appréciée pour soulever et transborder les sacs trop lourds pour les vieilles personnes.

Lors de la distribution, les bénéficiaires remettent aux responsbles leur bon nominal et une somme de FCFA 1’000.- (environ CHF 2.-), argent qui servira au microcrédit interne de l’association.

La reconnaissance des bénéficiaires est grande et manifeste. Si d’autres grandes ONG, telles le PAM ou World Vision, procèdent elles aussi à de généreuses distributions, aucune ne délivre un mil d’aussi bonne qualité que celui de Mail-Mali. En effet, selon la provenance, le mil peut être chargé de sable et autres saletés.

Depuis mars, ce sont 55,8 tonnes de mil qui ont été distribuées.

En récompense à tout ce travail, nous ne rechignons pas à accéder à leur demande de recevoir un ordinateur !

Bureau-magasin et latrines à Nandoli

Samedi 12 juillet, en compagnie d’André Kassogué, d’Oumar Tapily et de Seyni Ouologuem, le directeur du second cycle, nous nous rendons à Nandoli avec le véhicule d’Ambassagou Kassogué mis gracieusement à notre disposition.

Femmes, enfants et membres de l’APE (association des parents d’élèves) nous réservent leur habituel accueil chaleureux.

Seyni Ouologuem nous emmène visiter le petit bâtiment qui abrite son bureau et le magasin. Nous ne pouvons que constater et apprécier la bonne facture du travail effectué par notre entrepreneur et ami Ambassagou Kassogué. Le bureau est équipé (table, chaise, armoire, étagères) comme prévu. Seule la fermeture d’un volet métallique présente une défectuosité, aisément réparable.

On se déplace ensuite vers le bloc de 4 latrines, parfaitement exécuté. De chaque côté, un escalier donne accès aux cabines. Les fosses sceptiques seront accessibles, en temps utile, en démolissant les murs en briques prévus à cet effet. Là aussi le travail a été effectué de manière impeccable

S’ensuit une réunion dans une salle de classe avec ubne cinquantaine d’hommes et de femmes, la plupart membres de l’APE.

Une discussion s’engage sur le règlement d’utilisation des latrines. Un comité de gestion sera mis en place et chargé de rédiger un règlement, de la soumettre à l’APE, de le diffuser et de la faire appliquer, en accord avec les enseignants et les élèves.

Il s’agira surtout de sensibiliser les utilisateurs aux problèmes d’hygiène, mais le nettoyage ne pourra malheureusement pas être quotidien, en raison du manque d’eau.

Le puits de Songho

La rencontre a lieu en présence d’André Kassogué, d’Oumar Tapily et de Kimbassa Dolo. Les travaux entrepris pour terminer le puits donnent entière satisfaction.

Le puits a une profondeur de 14 m, est étayé de buses et reçoit de l’eau en quantité, une eau claire, de source. Initialement, il avait été prévu d’installer une pompe; puis, après discussion  avec les femmes qui vont utiliser le puits, le choix s’est porté sur les puisettes. Cependant, par la suite, sur l’offre de Yagtu qui disposait d’une pompe (récupérée d’un  projet qui n’avait pas abouti), cette dernière a été installée, tout en conservant l’alternative des puisettes, mais en accordant la priorité à la pompe pour des raisons d’hygiène.

La pompe elle-même est cadenassée avec une chaîne de vélo et n’est donc utilisée qu’avec autorisation. Le puits est clôturé par un mur en béton et est doté deux entrées. Dans un angle est aménagé un tuyau pour évacuer les surplus d’eau qui sont déversés à l’extérieur dans un puisard pour éviter de créer un bourbier. Trois marches, à l’intérieur de cet enclos, donnent accès à la pompe; l’une d’elles devra être reprise afin d’en éliminer la forme concave où stagne de l’eau.

Deux bassins ont été aménagés à l’extérieur, l’un pour le bétail, l’autre pour arroser le jardin des femmes où seront aussi cultivées, par Kimbassa Dolo et ses élèves, les plantes médicinales pour le Centre de médecines traditionnelles de Bandiagara.

Quant au projet poulailler, auquel le puits devait fournir l’eau, il a été abandonné en raison des trop grandes difficultés et risques d’échec qu’il présente. Il sera avantageusement remplacé par un élevage de chèvres qui pourront aisément occuper les lieux précédemment prévus pour les poules. La ferme laitière, qui bénéficiera aussi du puits, compte actuellement 7 veaux issus de croisements devant donner de meilleures laitières.

Le fourrage est entreposé dans un enclos jouxtant l’étable, et aussi chez les partenaires eux-mêmes.

Un comité de gestion du puits a été mis en place. On attend le règlement d’utilisation qui doit être rédigé dans la foulée.

Visite à Bendjéli

Jeudi 14 août, une délégation d’une dizaine de femmes de Yagtu, menée par Fifi, nous conduit à Bendjéli où l’accueil des femmes est toujours tonitruant de joyeux youyous et de chaleureuses salutations. Réunis sous un grand hangar récemment acquis, les responsables de groupe et le directeur, nous présentent leurs rapports d’activité.

Nous apprenons ainsi que :

1. les vieilles, pour qui nous avions acheté du coton, continuent cette activité qui est totalement autonome. Elles achètent désormais leur coton, l’égrènent, le cardent, le filent; une fois tissé, cela donne des rouleaux qu’elles vendent sur pèlace ou à Bandiagara.

2. les attelages (âne + charrettes) rendent toujours service. Pour une modique somme (dévolue à l’entretien), les femmes utilisent à plusieurs l’attelage essentiellement pour aller chercher et rapporter du bois.

3. Le moulin à grains fonctionne normalement. Les bénéfices qu’il engendre, outre l’entretien et les réparations, alimentent toujours la caisse du microcrédit.

4. La cantine scolaire accueille 216 élèves à midi, 5 jours par semaine. Tous les élèves mangent donc sur place, non seulement ceux venant des autres villages, mais aussi ceux de Bendjéli. Chaque jour, deux femmes préparent le repas.

 

Selon leurs dires, les enfants se lavent les mains avant le repas. Un effort est fourni pour sensibiliser les enfants à respecter certaines mesures élémentaires d’hygiène. Le directeur relève encore que la présence de la cantine a augmenté le taux de fréquentation et le taux de recrutement de l’école ; il parle d’enfants épanouis et d’une cour d’école animée, preuve que les enfants n’ont pas faim !

La surprise du jour a été de découvrir que le village était désormais doté d’une troisième école, soit d’un second cycle. Toute bonne nouvelle !

Djiguibombo

Sans surprise, le toit pose toujours et encore des problèmes : des tuiles sont régulièrement cassées par des enfants qui lancent des cailloux par jeu ou pour récupérer un ballon. Benoît Kassogué va très certainement prendre les choses en main : réparations, certes, mais aussi un gros effort de sensibilisation, non seulement des élèves. mais aussi ds parents.

Moussourou

Yagtu, avec Fifi, a l’intention de s’investir pour ce village où nous continuons de payer le salaire d’une enseignante. Il s’agira de mettre en place une structure de microcrédit et d’ateliers d’activités génératrices de revenus. Le but recherché est de lutter contre l’exode des femmes et, par ce biais, de favoriser la scolarisation des enfants.

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Etat des projets

Atelier tissage

Grâce à la modique somme que nous lui avons donnée l’an dernier, Christine a pu mener à bien une activité de tissage. Elle nous présente fièrement une série de magnifiques nappes-couvertures qu’elle met en vente. C’est sans hésiter que nous lui en achetons deux.

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Projet maraîchage

Amirou et ses frères ont planté une quarantaine d’arbres fruitiers (manguiers, citroniers, pomme-canelle,…). Le maraîchage proprement dit ne pourra commencer que lorsque le puits sera achevé. Actuellement à 8 m, l’eau n’apparaît pas encore. Après la saison des pluies, le creusement reprendra.

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Projet pépinière

Hadji Issabré maîtrise très bien son entreprise. Il a en réserve des milliers de plants des plus divers. L’immense travail fourni porte ses fruits.

Projet bergerie

Issa s’est vu contraint d’abandonner les poules, activité trop délicate et difficile. En revanche, il s’occupe bien des ses moutons. Un parent lui ayant repris l’âne qu’il lui avait prêté, on lui en a acheté un pour sa charrette. Comme la parcelle qu’il occupe ne lui appartient pas, il va devoir quitter l’endroit. Confronté à ce problème, il nous demande un terrain, ce que nous lui accordons.

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Projet poulailler

Sana est fier de ses pondeuses qui lui donnent désormais quelque 80 œufs par jour. Si ce projet a posé pas mal de problèmes, actuellement il roule bien, avec un Sana plus motivé que jamais. Cependant, il rencontre le même problème qu’Issa. Nous lui fournissons la somme nécessaire pour l’acquisition d’une parcelle, sur laquelle il devra prochainement déménager.