Rapport de Voyage (Décembre 2009 - Janvier 2010)

Rapport de Voyage
(Décembre 2009 - Janvier 2010)

Restauration de 3 salles de classe

Mercredi 16 décembre 2009 : Rencontres

Du moment que les premiers cycles (l’équivalent de nos classesprimaires) dépendent de l’autorité communale, nous sommes allés avec notre entrepreneur, M. Ambassagou Kassogué, rencontrer le Maire, M.Housseyni Saye. Nous lui avons demandé l’autorisation de commencer les travaux de réfection, comme prévu. « On ne refuse pas un tel cadeau! »nous est-il répondu, et nous repartons, chargés de remerciements.
Dans l’heure qui suit, nous sommes reçus par l’adjoint du directeur du CAP (Centre d’Animation Pédagogique), M. Lamine Traoré, que nous informons de la prochaine ouverture du chantier.

Dimanche 20 décembre 2009 : Ouverture du chantier

En début de matinée, l’entrepreneur arrive dans la cour de l’école, à Bandiagara, accompagné d’une bonne douzaine d’ouvriers qui, aussitôt,se mettent au travail : ils ôtent les structures métalliques qui soutenaient les faux plafonds (disparus…), cassent les tableaux noirs, sortent tables et bancs,…

Dans la cour de l’école, tout un matériel est déposé, prêt à être utilisé pour la suite des travaux : poutrelles et lattes de bois, sacs de ciment, seaux de peintures, contreplaqués pour les faux-plafonds,…mais s’y entasseront bientôt les tables-bancs, de la ferraille en pagaille et des tas de matériaux divers sorti

Au cours de nos visites quotidiennes, nous avons pu suivre la progression des travaux et relever l’excellente planification des travaux, leur parfaite coordination, le sérieux de l’exécution et la rapide avance de la réfection. Et le tout se déroule dans la bonne humeur.

Rapidement, les poutrelles, auxquelles seront fixés les faux plafonds,sont fichées dans les murs; sitôt après, les contreplaqués y sont fixés; enfin, des lattes viennent renforcer le tout.
Initialement,l’espacement entre les lattes était d’un mètre, mais il a été réduit de moitié, rendant ainsi le tout plus solide.Cette amélioration a été possible grâce à une économie faite sur les tôles du toit : plutôt que les remplacer, il a été possible de colmater leurs trous avec du goudron.

Le mercredi 23 déjà, les peintres s’attaquent aux faux plafonds, tandis que portes métalliques et volets commencent à être remplacés.

Il avait été prévu de faire nettoyer et poncer les tables et les bancs par les élèves, avec l’aide de leurs maîtres, mais l’organisation de cette tâche est clairement apparue comme trop compliquée; ce sont les menuisiers qui ont entrepris de les raboter et de les vernir, nous simplifiant ainsi grandement les choses.

Samedi 2 janvier 2010 : Inauguration

Une petite cérémonie a été fixée au samedi matin 2 janvier, à 9h00, afin de marquer la fin des travaux de cette 1ère étape. A notre plus grande surprise, quand, à 9h15, nous arrivons dans la cour de l’école, tout le monde est déjà là : les gens ont respecté l’ « heure suisse » !

Mes amis Maïté et Christian, Benoît et Thérèse, Amirou, Mama et moi-même sommes donc accueillis par le Directeur de l’école et ses maîtres, par le Maire, M. Housseyni Saye, par le Directeur du CAP, M.Adama Dembély, son adjoint et ses collaborateurs, ainsi que par d’anciens enseignants et une cinquantaine d’élèves.

La petite cérémonie débute par une série de discours, tous très reconnaissants du don offert par Mail-Mali,  mettant l’accent sur la bonne collaboration avec Mail-Mali et sur l’espoir de la voir se prolonger, en particulier pour les fournitures scolaires. Lorsque vient notre tour de prendre la parole, nous ne manquons pas de souhaiter avoir le financement nécessaire pour entreprendre la seconde étape des travaux, à savoir les trois dernières salles de classe.
Nous précisons aussi que les fournitures scolaires proviennent du bénéfice de stands tenus par des élèves de l’ESRN en faveur des élèves de cette école Mamadou Tolo D et que cette solidarité entre élèves n’a pas de raison de s’arrêter.

Enfin, nous n’oublions pas l’entrepreneur, M Ambassagou Kassogué, dont l’efficacité et la qualité du travail méritent toutes nos félicitations et notre admiration. Nous le remercions aussi pour le buffet qu’il a commandé pour l’occasion.

Avant de goûter à la viande grillée et aux rafraîchissements qui attendent les invités, cette petite fête d’inauguration se poursuit parla visite des locaux restaurés, dont la beauté force l’admiration de chacun

Le contraste entre les anciennes classes et celles-ci rénovées est frappant; chacun s’en réjouit et manifeste sa joie et sa reconnaissance. La beauté de ces classes rénovées tient à ses plafonds blancs, à ses murs en deux teintes, jaune pâle et rouge bordeaux, à ses deux grands tableaux noirs qui occupent toute la longueur du mur, l’un devant, l’autre au fond de la classe. Les murs extérieurs, jaune pâle aussi, sur lesquels se détache le rouge bordeaux des volets et des portes, donnent vraiment fière allure à ce bâtiment, qui, seulement 10jours avant, faisait encore pitié à voir.

Ces quelques améliorations apportent un vrai changement aussi à l’attitude des élèves, qui viennent avec beaucoup plus de plaisir à l’école et qui manifestent une véritable fierté d’être les hôtes privilégiés de ces classes toutes neuves. Quant aux maîtres, ils se sentent beaucoup plus à l’aise dans leurs nouvelles conditions de travail, enfin décentes, et apprécient tout particulièrement de pouvoir profiter de deux tableaux noirs, qui leur offrent des possibilités nouvelles dans l’organisation de leur enseignement.

Au vu de la situation actuelle de nos finances, il nous faudra reporter la seconde étape, soit la réfection des trois dernières salles de classe, au mois de septembre, en espérant que d’ici là nous en trouvions le financement.

Création de Centres d'alphabétisation

Ce projet est placé sous la direction de l’association Yagtu et que ce qui en a justifié la mise sur pied, c’est le problème de l’exode.

Pour lutter contre ce fléau, il s’agit :

  • d’alphabétiser les jeunes des 5 villages,
  • d’appuyer les activités génératrices de revenus à travers l’octroi de crédits aux groupements de femmes et de jeunes,
  • de renforcer les capacités des femmes et des jeunes en droit et citoyenneté afin de leur permettre de participer efficacement au développement de leurs localités, mettre un frein à l’exode des jeunes

La mise en œuvre de ce présent projet :

  • amorcera la réduction du fléau de l’exode, en offrant une alternative tendant à en réduire les effets grâce à des activités d’alphabétisation et de petit crédit ;
  • permettra la réinsertion socio-professionnelle de jeunes qui n’ont pas eu le privilège d’aller à l’école;
  • rendra visibles les droits et les devoirs civiques, en commençant par le droit à l’éducation et à l’alphabétisation.

Kamba Gandakilimo

Avant notre passage dans deux des 5 villages concernés par ce projet, une assemblée a regroupé, le 26 novembre, une centaine de personnes, dont les délégués des 5 villages et leurs autorités communales et administratives. A cette occasion, le projet a été présenté et expliqué à la population qui l’a bien compris et accueilli, d’autant mieux que ce projet émane des villageois eux-mêmes et qu’ils en attendent le financement depuis longtemps.
Par la suite, des réunions ont été organisées avec les femmes et les jeunes, afin d’identifier les futurs auditeurs. C’est ainsi que 25 femmes et 4 jeunes hommes, toutes et tous très motivés, ont été désignés pour suivre la formation.

Nous pensions que cette formation allait être dispensée aussitôt, mais, à cette période de l’année, les activités agricoles sont encore nombreuses; on procède aux dernières récoltes, et les activités commerciales s’intensifient. C’est pourquoi, pour les soutenir dans leur petit commerce et les encourager donc à rester sur place, il a été octroyé des crédits aux personnes choisies , en fonction de leurs capacités et de l’importance de leurs affaires.

Les animatrices ont alors un rôle primordial à jouer : installées dans le village même, elles forment les femmes dans la gestion de leurs activités génératrices de revenus; elles les accompagnent dans leurs activités, les conseillent et les orientent.

Le jeudi 21 janvier 2010,  Fifi, directrice de Yagtu, nous emmène visiter les deux premiers Centres d’Alphabétisation, situés à une trentaine de kilomètres de Bandiagara, sur la route de Sangha. En fin de matin, nous débarquons à l’entrée du village de Kamba Gandakilimo, où nous sommes traditionnellement accueillis par quelques notables, une foule de femmes, de jeunes et d’enfants, qui nous saluent, nous entourent et, lentement, nous emmènent en cortège jusqu’au centre du village, chantant et dansant aux rythmes des tamani et autres instruments à percussion, le tout étant entrecoupé par les youyous stridents lancés par les femmes et les coups de feu tirés par les chasseurs, présents eux aussi.

Réunis sous le toguna, chants et danses ayant momentanément cessé, nous entamons le rituel des salutations et des présentations; puis, chacun/e à son tour prend la parole, essentiellement pour nous exprimer sa reconnaissance, mais l’un en profite aussi pour nous présenter la demande d’un puits, l’autre celle d’un moulin à grains.

Après avoir remercié pour la chaleur de l’accueil, nous profitons de notre tour de parole pour féliciter et encourager les personnes qui ont été désignées pour suivre la formation; nous insistons sur l’importance de ce projet non seulement pour ces personnes, mais pour l’ensemble du village qui bénéficiera de ses retombées. Nous demandons aux familles, à la population en général, de soutenir l’effort que vont fournir ces 25 femmes et 4 jeunes gens : durant 3 mois, ils vont devoir suivre des cours, à raison de 5 heures par jour, 6 jours par semaine ! Cela aura, entre autres, des incidences sur l’organisation des repas pour les familles concernées : c’est là qu’une indispensable solidarité doit se manifester, afin que les mères de familles soient soulagées, aidées, soutenues par leur entourage dans leurs tâches ménagères quotidiennes.

Ensuite, nous nous sommes rendus dans une bâtisse inoccupée, gracieusement mise à disposition par son propriétaire où a été donnée, devant nous, la toute première leçon; à vrai dire, une prise de contact au cours de laquelle le matériel didactique a été distribué et les règles de conduite précisées ! Ainsi les absences, retard ou autres oublis sont sanctionnés d’amendes !
Si nous avons pu lire dans quelques regards un brin d’inquiétude au moment d’entrer dans ce « sanctuaire », nous pouvons vous assurer que tous les yeux, peu après, brillaient d’une belle fierté, celle d’être considéré/e, celle d’être en possession d’un cahier, d’un Bic, d’une règle, celle d’être sur le seuil d’un monde réservé à des initiés !

Nous n’avons pas pu quitter les lieux sans qu’on nous serve un plat de riz, agrémenté de quelques morceaux de viande, et sans promettre de revenir !

Kamba Sarema

Il est 13 heures quand nous arrivons au village voisin de Kamba Sarema. Même accueil, même enthousiasme, même cortège, mais la population paraît peur-être plus ouverte, plus développée que celle de Kamba Gandakilimo.
Cela s’explique probablement par le fait que l’association Yagtu est déjà intervenue dans ce village, qu’elle y a créé une coopérative de mil et une parcelle de sélection du mil. Les contacts sont plus spontanés, on sent une saine complicité parmi les personnes présentes.
Le village paraît aussi plus « riche », et cela se fera remarquer au travers du repas, où le riz est servi en plus grande abondance, garni de nombreux morceaux de viande et arrosée d’une onctueuse sauce d’arachide.

25 femmes et 4 jeunes gens, comme à Kamba Gandakilimo, vont suivre les cours d’alphabétisation et bénéficient déjà aussi du soutien d’une animatrice de Yagtu pour leurs activités génératrices de revenu.

Nous nous permettons de leur tenir les mêmes propos que dans le village voisin, les rendant attentifs à l’importance de l’enjeu, au courage nécessaire et à la persévérance exigée par ce projet.

Avant de nous en aller, nous passons voir le local qu’ils ont construit; là, nous sommes un peu surpris : il est bien trop exigu pour accueillir 30 personnes ! Il leur faudra, dans la semaine, casser un mur, agrandir et encore mettre une toiture. Mais au vu de leur dynamisme, il n’y a guère de crainte à avoir : tout sera terminé dans les délais et les cours pourront commencer la semaine suivante.

En guise de remerciement, on nous offre, au moment de partir, un mouton, du mil (que nous laisserons sur place), des pains de singes (fruits du baobab), des aubergines, des tomates et des boulettes d’oignons séchés.

La Cantine de Songho

La Cantine de Bendjéli

Envoi d'un container à Bandiagara

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